La disparition des abeilles, un impact sur la planète ...

10/02/2012 19:57

 

LES ABEILLES : 

 Les abeilles sont sous-estimées par rapport à leur rôle dans la préservation de la biodiversité, elles sont essentielles pour cette dernière. Ce sont des insectes pollinisateurs, c'est à dire qu'elles transportent le pollen (élément mâle) des fleurs qu'elles butinent sur le pistil d'autres fleurs (éléments femelle), ce qui permet la fécondation et la reproduction des espèces végétales.
L'activité de pollinisation des abeilles est essentielle à l'agriculture : la majorité des cultures fruitières, légumières, oléagineuses et protéagineuses, de fruits à coques, d'épices, du café et du cacao bénéficient de l'activité pollinisatrice des insectes.
Selon une étude de l'INRA et du CNRS, 35 % de la production mondiale de nourriture est directement dépendante des pollinisateurs. La valeur du service de pollinisation des insectes a été estimée à 153 milliards d'euros, soit 9,5% de la valeur de la production agricole mondiale.
La disparition d'une quantité considérable de colonies d'abeilles sévit depuis quelques années, partout dans le monde : 29 % des colonies d'abeilles seraient décimées en France. 
Plusieurs facteurs contribuent à cette surmortalité : les pesticides utilisés dans l'agriculture intensive sont incriminés, notamment le Cruiser, le Gaucho, et le Régent. Le Cruiser est toujours autorisé en France en 2009.
Un champignon appelé Nosema Ceranae serait également responsable de la disparition des abeilles, ainsi que le varroa, un acarien, et un virus IAPV
Des espèces invasives, notamment des colonies de frelons asiatiques, ont également de lourdes répercussions pour l'apiculture française. Cette espèce se nourrit des abeilles, les attaque en plein vol ou siège à l'entrée des ruches, obligeant leurs habitants à jeûner : la ponte et la fabrication du miel sont alors stoppées, ce qui est le signe de la mort certaine de la ruche.
La pollution des écosystèmes, la raréfaction des espèces végétales, la diminution de la taille des habitats, les insecticides utilisés pour les cultures OGM et le réchauffement climatique semblent également contribuer au déclin des abeilles.
La disparition des abeilles et des autres insectes pollinisateurs aurait un impact catastrophique sur l'agriculture mondiale : il diminuerait la production agricole et augmenterait les prix de l'alimentation, aggravant la crise alimentaire mondiale qui sévit actuellement. Les conséquences en termes de préservation de la biodiversité seraient également catastrophiques.

L'histoire d'un apiculteur dégradé par les pesticides ! 

 
Roger Dehoey, apiculteur de Sainte-Marthe, connaît le monde des abeilles depuis qu’il a 12 ans. Au plus fort de sa production, 150 ruches lui permettaient de récolter 1000 livres de miel pas semaine. Dans les années 1980, à la suite d’épandages de pesticides des terres voisines, des centaines de milliers d’abeilles sont mortes. Les pertes sont très importantes. L’apiculteur perd 111 ruches. 

Depuis, monsieur Dehoey a réduit sa production. Le protocole d’épandage des pesticides n’est pas respecté, et les avis d’épandage, lorsqu’ils sont donnés, laissent trop peu de temps à l’apiculteur pour se préparer. 

Cette année, les épandages par avion ont débuté à la mi-juillet. Monsieur Dehoey a été témoin de neuf épandages en août. Après chaque traitement, des milliers d’abeilles n’ont pas le temps de revenir à la ruche et meurent au champ ou dans les piscines des voisins; d’autres meurent au pied de la ruche. 

Roger Dehoey prend alors la décision d’agir. Il récupère des abeilles mortes et les conserve au réfrigérateur pour fins d’analyse. Il s’adresse au Laboratoire d’expertises et d’analyses alimentaires du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.
Rapport d’analyse
 
Le 27 juillet, Denise Collard, de la Direction du Laboratoire d’expertises et d’analyses alimentaires, prélevait un échantillon d’abeilles mortes chez monsieur Dohoey. Selon son rapport d’analyse, « l’échantillon d’abeilles analysé contenait de l’o-méthoate à compter de 405 µg/kg, du diméthoate à compter de 1343 µg/kg et du Coumaphos à compter de 30 µg/kg ». Un de ses composés, le diméthoate, a été retracé à une concentration 60 fois plus élevée que la concentration maximale acceptable provisoire dans l’eau potable établie par Santé Canada. Le diméthoate, insecticide et acaricide utilisé pour le contrôle des insectes et des mites en agriculture, est irritant pour les yeux et les muqueuses. Sa demi-vie dans le sol varie de quatre à seize jours. Toujours selon Santé Canada, dans l'environnement, le diméthoate se dégrade en une forme plus toxique, l'ométhoate. Ce composé a également été retrouvé chez les abeilles.
 
 
Roger Dehoey s’attend à perdre la moitié des abeilles qui lui restent, car elles sont affaiblies et en nombre insuffisant pour passer l’hiver. Résigné, il lance : « Ça sert à rien de les remplacer si les épandages continuent! » Il espère toutefois que quelques ruches auront le temps de produire suffisamment d’abeilles et de faire des réserves pour affronter la saison froide. Avec l’aide de leur gardien et un apport en sucre, certaines survivront peut-être. 

L’apiculteur a lancé ce cri d’alarme, pas pour lui, sa vie tend à sa fin, dit-il, mais pour les générations à venir. L’importance des abeilles est évidente, mais notre comportement doit être remis en question. «Bientôt, conclut monsieur Dehoey, nous aurons tout tué. »